Les Renoncements nécessaires

Le titre de cet article, je l'ai emprunté à un ouvrage de Judith VIORST, psychothérapeute,  qui y retrace avec esprit, courage, lucidité, le long chemin  qui va de la première séparation d'avec la mère à la perte des illusions et de la jeunesse, au départ ou à l'abandon de ceux que nous aimons, à leur disparition. Sans oublier la réalité de notre propre mort, qui doit nous trouver prêts, et, à l'instant ultime, nous fait grandir encore.

Très beau livre , qui éclaire la théorie psychanalytique de façon vivante, accessible, non doctrinale , ouvrage personnel nourri d'expériences, de références littéraires, qui éveille un certain désir de sagesse, nous aide à trouver cette porte parfois close, parfois entrouverte, dont je parlais dans "Du bon usage des signes" qui nous conduit dans l'acceptation de ces renoncements nécessaires, sur la voie de la sérénité.

" Il y a quantité de choses auxquelles il nous faut renoncer pour devenir adulte. On ne peut aimer profondément sans devenir vulnérable à la perte de l'objet aimé et on ne peut devenir un être responsable, conscient, relié aux autres, sans passer par les moments de renoncements, de deuils, de lâcher-prise."  

"Quand on parle de deuil, c'est à la mort d'êtres chers qu'on pense. Mais le deuil est, dans notre vie, un thème bien plus vaste. On ne perd pas seulement dans la mort, mais aussi dans le départ ou l'abandon, dans le changement, la renonciation et la progression. Le deuil, ce n'est pas seulement la séparation et le départ de ceux qu'on aime mais aussi la perte consciente et inconsciente  de nos rêves romantiques, de nos folles espérances, des illusions de liberté, de pouvoir et de sécurité - ainsi que la perte de notre self juvénile, ce self qui, croyait-on, n'aurait jamais de rides, et serait à jamais invulnérable et immortel."

"Ces pertes font partie de la vie - elles sont universelles, inévitables, inexorables. Et cela parce que c'est en perdant, quittant, renonçant qu'on grandit."

"Les réalités de l'amour et de nos corps nous mettent devant  le fait accompli : tout n'est pas possible. Nous n'échappons pas aux bornes, et ne nous libérerons jamais de la prison où nous enferment l'interdit et l'impossible - y compris cette prison qu'est la culpabilité." 

Pourquoi aujourd'hui parler de cet ouvrage - lu il y a quelques années - que j'ai relu ces derniers jours, simplement parce que dans la vie de tout être il y a ces phases de grandes turbulences qui amènent à une réflexion sur ce que l'on est, ce que l'on fait, sur la pertinence des choix que nous faisons, sur leurs implications dans notre présent et dans notre futur, sur notre faculté à rebondir et à éliminer tout ce qui est limitant pour notre équilibre, pour notre moi profond. La recherche de l'harmonie, de la sérénité, de l'Amour de soi-même, de l'acceptation de ce que l'on est qui génère l'Amour pour les autres sont les fondamentaux de tout mon parcours de vie et de mon cheminement spirituel.